Une semaine intense de visite à Montréal, Québec. Une autre qui vient de se terminer à Portland, Oregon. Nous avons rencontré des fonctionnaires municipaux, des intervenants d’organismes à but non lucratif, des entrepreneurs, des bénévoles. La question de la justice sociale revient constamment. Mais, peut-on utiliser l’AU pour rétablir la justice sociale sans s’occuper de la question du logement ?
Exposer la problématique du logement est essentiel dans un cours sur l’AU visant à comprendre les dimensions politique et sociale de cette activité. La visite de Portland a permis d’identifier quelques différences culturelles marquantes entre les deux villes à cet effet. Ce billet les résume brièvement.
Exposer la problématique du logement est essentiel dans un cours sur l’AU visant à comprendre les dimensions politique et sociale de cette activité. La visite de Portland a permis d’identifier quelques différences culturelles marquantes entre les deux villes à cet effet. Ce billet les résume brièvement.
D’un côté, Portland fait face, depuis plusieurs années, à un renouvellement d’investissements dans l’immobilier, à une augmentation fulgurante du prix des loyers, à un déplacement de nombreuses personnes à faibles revenus vers des zones de plus en plus périphériques dont l’accès à divers services (transport en commun, parcs, épicerie, etc.) est limité. De plus, la Ville de Portland est située dans un état qui interdit aux villes et aux comtés de mettre en place des règlementations encadrant les modalités des hausses de loyer et l’inclusion de logements abordables au sein des nouveaux développements immobiliers. Plusieurs tentatives visant à abolir cette interdiction sont malheureusement restées infructueuses (1). Dans cette ville du Nord-ouest américain, plusieurs organismes à but non lucratif sont conscients de l’importance de résoudre la question du logement et que, sans la mise en place d’une solution à cet effet, tous ces projets d’AU ne pourront résorber la situation précaire vécue par une forte proportion de citoyens. En revanche, peu de ceux-ci ont les ressources pour agir directement pour offrir de meilleures conditions d’habitation sauf peut-être Verde qui chapeaute de nombreux projets dans Cully, dont un projet d’habitations à logements abordables, et assure la vitalité des quartiers en offrant de la formation et un salaire plus élevé (en plus des avantages sociaux) (2).
(1) http://www.oregonlive.com/portland/index.ssf/2015/07/inclusionary_zoning_bill_dies.html
(2) http://www.verdenw.org/outreach-and-advocacy
(1) http://www.oregonlive.com/portland/index.ssf/2015/07/inclusionary_zoning_bill_dies.html
(2) http://www.verdenw.org/outreach-and-advocacy
De l’autre côté, l’histoire du mouvement communautaire au Québec a encore une forte influence sur la question du logement à Montréal. En effet, on y trouve plus de 56 000 logements sociaux ou communautaires (3). De plus, la Régie du logement permet d’encadrer les augmentations de loyer. Enfin, au Québec, la législation ne contient pas d’obligation d’inclure des logements abordables aux nouveaux développements, mais la Ville de Montréal a adopté des mesures incitatives pour encourager cette inclusion. Cette stratégie n’est pas parfaite, mais a permis quelques gains et favoriser la mixité sociale (4). Ainsi qu’à Portland, cette question reste d’actualité, car de nombreux Montréalais doivent investir une forte proportion de leur revenu dans le loyer.
(3) http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/MTL_STATS_FR/MEDIA/DOCUMENTS/R%C9PARTITION%202014%20DES%20LOGEMENTS%20SOCIAUX%20ET%20COMMUNAUTAIRES.PDF
(4) http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/librairie_fr/documents/Strategie_inclusion.pdf
(3) http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/MTL_STATS_FR/MEDIA/DOCUMENTS/R%C9PARTITION%202014%20DES%20LOGEMENTS%20SOCIAUX%20ET%20COMMUNAUTAIRES.PDF
(4) http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/librairie_fr/documents/Strategie_inclusion.pdf
Cet exemple démontre l’importance de l’action politique (de tout type) afin que les institutions étatiques jouent leur rôle pour rééquilibrer la distribution des richesses et donner une chance à tous d’améliorer leurs conditions de vie. Les acteurs engagés en AU et ceux impliqués dans des initiatives de développement social parviendront-ils à modifier les lois de l’Oregon en matière d’habitation pour créer une véritable écocité qui n’implique pas seulement la réduction des impacts environnementaux, mais surtout la réduction des injustices sociales et la promotion de la participation citoyenne aux affaires de la cité ? Gardons un œil sur cette partie du nord-ouest américain au cours des prochaines années pour le découvrir.
Béatrice Lefebvre
Béatrice Lefebvre